1.5.4 La culture québécoise et les différences culturelles
Histoire
La ville de Québec a fêté ses 400 ans en 2008. Peuplé seulement par les Amérindiens jusqu’au XVe siècle, le territoire québécois a été conquis par les Français, puis par les Anglais. Terre d’immigration par excellence, le Québec a vu défiler sur son sol jusqu’à la Seconde Guerre mondiale des immigrants venant majoritairement d’Europe, Blancs et catholiques. Puis, les différents conflits du monde entier, les difficultés économiques et les persécutions politiques ont transformé les immigrants qui forment aujourd’hui une mosaïque culturelle et ethnique.
Le fait français
Les Québécois sont extrêmement attachés à la langue française et font beaucoup afin de la préserver et de la promouvoir. La province de Québec, ilot de francophones au milieu d’un océan d’anglophones sur le continent nord-américain, est la seule province du Canada à avoir le français comme langue officielle, alors que le bilinguisme est de rigueur partout ailleurs. Le français est le symbole d’appartenance à la société québécoise.
Les Québécois ont adopté un certain nombre de lois afin d’affirmer l’identité francophone du Québec, de protéger les droits linguistiques, de promouvoir l’épanouissement de la langue française et de garantir à la minorité anglophone l’usage de sa langue et de ses institutions.
Au Québec, les immigrants doivent inscrire leurs enfants dans des établissements francophones et les cours sont donnés en français.
Les valeurs communes
Ainsi qu’il est écrit sur le site du Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, « S’intégrer à la société québécoise, c’est être prêt à connaître et à respecter ses valeurs communes ». Le Québec reconnait l’apport de l’immigration avec toutes ses différences et attend des immigrants qu’ils respectent et acceptent les valeurs québécoises. D’ailleurs, depuis 2009, il faut signer un contrat d’acceptation des valeurs communes lors de la demande de CSQ.
- Parler français, une nécessité
- Une société libre et démocratique
- Une société riche de sa diversité
- Une société reposant sur la primauté du droit
- Les pouvoirs politiques et religieux sont séparés
- Les femmes et les hommes ont les mêmes droits
- L’exercice des droits et libertés de la personne se fait dans le respect de ceux d’autrui et du bien-être général
Interculturalisme
Si au Canada, le multiculturalisme prévaut, le Québec prône plutôt l’interculturalisme. La différence réside dans l’interaction. Le multiculturalisme accepte les différentes nationalités et cultures qui se côtoient et vivent les unes à côté des autres. L’interculturalisme accepte non seulement les différences, mais les relations sont bidirectionnelles et les cultures interagissent les une avec les autres.
Les femmes et le féminisme
Les femmes québécoises ont longtemps été confinées au rôle de mère au foyer s’occupant du ménage et des enfants. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La société québécoise est une société matriarcale.
Le mouvement féministe a pris de l’ampleur au Québec dans les années 60. 1966 voit la fondation de la Fédération des femmes du Québec. En 1973, le gouvernement du Québec crée le Conseil du statut de la femme qui met sur pied, en 1978, le Secrétariat à la condition féminine. En 1981, le législateur confirme le droit des femmes à conserver leur nom lorsqu’elles se marient et dorénavant, elles peuvent le transmettre à leurs enfants. Aujourd’hui, une femme qui se marie ne prend pas le nom de son époux à l’issue du mariage. Ainsi, les immigrantes mariées reprennent très souvent leur nom de jeune fille en arrivant au Québec, tous les papiers officiels étant établis au nom de jeune fille.
La religion
Comme la France, le Québec est une société laïque, mais le législateur n’a pas légiféré à ce sujet et il n’y a pas d’équivalent à la loi sur la séparation de l’Église et de l’État.
La religion était très présente dans la société québécoise jusqu’à la fin des années 60. Le clergé gérait la santé, les services sociaux et l’éducation. Depuis les années 70, la société québécoise a progressivement délaissé les pratiques religieuses qui sont beaucoup moins présentes aujourd’hui.
La politique
On ne retrouve pas au Québec le même éventail politique qu’en France et la notion de gauche et de droite n’existe pas. Les deux plus grands partis qui s’affrontent traditionnellement sont le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti Québécois (PQ). Le PLQ est un parti fédéraliste (c’est-à-dire qu’il prône de rester dans la Fédération canadienne). Il est plutôt considéré économiquement de droite. Le Parti Québécois est souverainiste (il milite pour que le Québec devienne un pays indépendant) et se situe plus à gauche avec une approche d’interventionnisme d’état. Concernant les affaires sociales, ces deux partis sont assez proches.
La langue
Historiquement, la base du français québécois est le français populaire des 17e et 18e siècles. À l’origine, les colons provenaient de différentes régions et parlaient plusieurs patois. Avec la venue des filles du Roy, orphelines envoyées pour se marier avec les premiers immigrants et peupler la Nouvelle-France, le français populaire s’impose. Par conséquent, au moment de la conquête britannique en 1763, le français s’est uniformisé. Le français québécois s’est modifié et adapté au cours des siècles pour devenir une langue dynamique, une langue à part entière.
Le québécois et le français sont aussi éloignés l’un de l’autre que l’américain et l’anglais. Il est clair que nous ne parlons pas la même langue. Un Français prend un petit-déjeuner, puis déjeune le midi et dîne le soir. Un Québécois déjeune le matin, dîne à midi et soupe le soir. Donc si l’on vous invite à dîner, présentez-vous à 12h et pas à 19h. Il y aurait de quoi faire tout un dictionnaire des différences linguistiques, mais ce n’est pas notre propos.
Les Québécois utilisent des anglicismes, mais pas les mêmes que les Français. Par exemple, un Français va « garer sa voiture dans un parking pour aller faire du shopping ». Un Québécois va « parquer son char dans un stationnement pour aller magasiner ».
Lors de vos premiers rapports avec des Québécois, vous allez devoir fournir quelques efforts pour vous adapter à un vocabulaire que vous ne connaissez pas ou qui ne vous est pas toujours familier. Cependant, vous allez vous y habituer sans grandes difficultés.
Il est cependant important de ne jamais relever ou corriger une expression que vous jugeriez non adéquate. En effet, elle l’est peut-être dans le français de votre pays, mais correcte au Québec. Un tel comportement est peu apprécié… Ne dites pas à un Québécois qu’il parle mal français, qu’il utilise trop d’anglicismes et qu’il conjugue mal ses verbes. Vous risquez de vous faire traiter de « maudit Français », forme d’insulte qui traduit une certaine méfiance face à l’arrogance comportementale de certains immigrants français.
Quand vous ne comprenez pas un mot, demandez-en la signification. Cela sera bien perçu et pourra vous éviter bien des malentendus.
Les relations de travail
Les relations de travail au travail sont généralement beaucoup moins hiérarchisées qu’en France. Les collègues de travail se tutoient assez rapidement, dirigeants compris.
Les décideurs sont plus abordables qu’en France, il est rare qu’une secrétaire fasse barrage. On peut ainsi entrer en contact avec les chefs d’entreprises assez facilement.
Au Québec, on arrive à l’heure et on part à l’heure. On ne passe pas sa matinée à faire le tour des bureaux pour dire bonjour ou à la machine à café à parler du match de la veille. On ne fait pas la bise à toutes ses collègues non plus. Les contacts physiques sont peu appréciés.
Une communication facile et directe
Les Québécois communiquent facilement et de façon très directe. Il est donc très aisé d’entrer en contact avec eux. Par contre, il est plus difficile, contrairement aux cultures africaines ou européennes, par exemple, d’entrer dans leur vie privée. Cela peut prendre du temps et de la confiance.
Le politiquement correct
Au Québec, on choisira toujours des expressions respectueuses et qui marquent la volonté d’utiliser un langage politiquement correct. On dira par exemple des « minorités visibles » plutôt que des « minorités raciales ».
Recherche du consensus et règlement des conflits
Le dialogue et le consensus sont mis de l’avant et préférés aux affrontements. Les Québécois préfèrent échanger et négocier pour trouver les compromis nécessaires et aboutir à un accord. Il est donc préférable d’éviter le conflit direct et de se confronter à un interlocuteur. Les Québécois n’aiment pas la polémique ni les grands débats. Les réprimandes ne sont pas souvent utilisées et ne se font surtout pas en public, que ce soit dans un contexte professionnel ou privé. Cet aspect de la culture, très différent de ce qui se pratique en France, est celui qui pose le plus souvent des problèmes d’adaptation aux immigrants français.
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