Le taux de chômage des immigrants Maghrebins au Québec est plus important que dans d’autres populations d’immigrants. Pourtant les statistiques démontrent que ces immigrants sont éduqués et diplômés et ont une trés bonne connaissance du français. De plus, ils ont été sélectionnés sur la base des qualités requises pour trouver un emploi.
Alors comment expliquer cette situation ?
Une étude l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) “Les difficultés d’insertion en emploi des immigrants du Maghreb au Québec” : une question de perspective” de Annick Lenoir-Achdjian, Sébastien Arcand, Denise Helly, Isabelle Drainville et Michèle Vatz Laaroussi vient de paraitre. Les auteurs ont rencontré des chercheurs d’emploi maghrébins et des intervenants en emploi. L’analyse fait ressortir trois zones de convergence dans ce que les uns et les autres font de la situation.
La première est reliée au fait que les immigrants ont de la difficulté à faire reconnaître leurs acquis : la scolarité et l’expérience de travail obtenues à l’étranger sont faiblement reconnues par les employeurs. La deuxième tient à des faiblesses des Maghrébins relativement à des aspects importants pour le marché de l’emploi québécois : méconnaissance de l’anglais, manque d’expérience de travail canadienne, absence d’un réseau professionnel et finalement difficulté de répondre rapidement aux conditions requises par les ordres professionnels. La troisième tient au fait que les employeurs font parfois preuve de discrimination.
Les immigrants indiquent clairement que leur attentes (améliorer rapidement leurs conditions de vie et leur situation professionnelle) conditionnent les perceptions qu’ils ont des démarches à faire et des difficultés qu’ils éprouvent. Les Maghrébins considèrent qu’ils ont droit à un emploi et à un accompagnement individualisé, puisqu’ils ont été sélectionnés selon des critères liés à leurs compétences. Ils ne s’interrogent donc pas sur ce qu’eux-mêmes pourraient faire pour intégrer le marché de l’emploi ; ils questionnent plutôt les critères à partir desquels ils ont été sélectionnés, le type d’aide qu’ils reçoivent et l’attitude des employeurs.
Dans le cas des intervenants en insertion en emploi, le filtre d’interprétation est basé sur une approche d’intervention selon laquelle les chercheurs d’emploi peuvent et doivent agir de façon autonome. Ils considèrent plutôt les immigrants sur le même pied que les autres chercheurs d’emploi et estiment qu’ils sont les premiers responsables des démarches à faire. Ils pensent que ce sont certaines caractéristiques propres aux Maghrébins qui expliquent leurs difficultés : leurs attentes irréalistes, la nécessaire mise à niveau de leur formation, leur manque d’expérience canadienne et leurs exigences liées à leur culture et à leurs pratiques religieuses.
Le problème est donc plus complexe qu’il ne parait, comme tout ce qui touche au sujet de l’immigration. Pour avoir plus d’explications, vous pouvez télécharger le document : www.irpp.org/fr/index.htm